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  • Les drapeaux de la Grande Armée
    Le Maréchal d'Empire Koutouzov, mort en 1813, est vénéré en Russie comme une grande figure nationale pour l'héroïsme dont il fit preuve à la tête des troupes russes qui eurent à affronter la Grande Armée de Napoléon Ier à Borodino en 1812. Défier Napoléon dénotait chez ce chef militaire une trempe exceptionnelle. La mémoire populaire a conservé une tradition qui prétend que les armées d'Europe, terrorisées, préféraient s'enfuir ou se rendre plutôt que d'affronter l'Aigle dans un combat perdu d'avance. Le maréchal Koutousof osa.

    Chaque jour, de nombreuses personnes viennent se recueillir devant le tombeau du maréchal situé à l'intérieur de l'église Notre-Dame de Kazan au cœur de la ville. De chaque côté du mausolée, suspendus à plusieurs mètres de hauteur, et fort mal éclairés, se trouvent six drapeaux provenant de régiments de la Grande Armée de Napoléon. On distingue encore très bien les lettres brodées en fil d'argent "Première Armée", "Armée Impériale", "Napoléon Ier".

    Chose étrange, personne ne semble remarquer ces oriflammes haut suspendus et décolorés par les ans. Intrigué, j'ai effectué une petite enquête auprès de quelques personnes de ma connaissance. Cela m'a valu des réponses étonnées, genre : " Quoi ! des drapeaux de Napoléon au dessus du tombeau Koutouzof ? C'est probablement une erreur". Nous nous sommes donc rendus dans la cathédrale et devant le tombeau de Koutouzof. Ces personnes, après avoir levé la tête, les yeux écarquillés, sont restées sans voix. C'est quand même étrange de faire découvrir à des Russes les drapeaux que leurs ancêtres ont pris aux Français en 1812 !

    et les 196 autres
    Il y a peu de temps, devant la sépulture du brave Maréchal, une rencontre m'a permis d'en apprendre plus. Cette personne, travaillant au Musée de l'Ermitage. semble connaître beaucoup de détails sur la dramatique déroute de la Grande Armée. J'ai le cœur serré à chaque fois que je vois ces drapeaux français relégués dans ce sanctuaire. Egalement exposée sur un mur, une série d'énormes clés type " bourgeois de Calais " avec pour inscriptions, gravées sur une plaque de cuivre : "clés de Mons, ville française", "clés de Nancy, ville française"…

    "Il s'avère que les armées russes ont pris aux Français 202 drapeaux. Six sont ici dans la cathédrale de Kazan, les 196 autres se trouvent au Musée de l'Histoire à Moscou. Sans le vouloir, Alexandra a gâché ma journée. Les six drapeaux à Saint-Pétersbourg, c'était déjà difficile à accepter mais les 196 à Moscou. Trop c'est trop !

    Ils sont en mauvais état ces drapeaux et auraient donc besoin d'une restauration. C'est notre Histoire qui part en lambeaux. Aussi, ai-je imaginé que la France pourrait se proposer pour restaurer ces pièces uniques chargées. On pourrait donc demander le rapatriement de ces reliques en France afin de les restaurer puis, une fois en notre possession, on refuserait de les restituer.... Après tout, ce sont des drapeaux français. Je n'imagine pas que la Russie oserait déclarer la guerre à la France pour récupérer ces quelques trophées.

    P.S. Pour les clés, ce n'est pas la peine de tenter quoi que ce soit car elles sont toutes rouillées. D'ailleurs, depuis cette époque, il est probable que les municipalités de Mons et de Nancy ont fait changer les serrures !

    Saint-Pétersbourg 09/04/2002

    Rostopchine incendiaire ?

    N’allons pas croire que cette histoire est définitivement classée. ! Les historiens continuent à chercher et à débattre afin de déterminer l’origine de l’incendie qui réduisit Moscou en cendres pendant l’hiver 1812/1813. La thèse de l'incendie volontaire sur les ordres du prince Rostopchine commence à prendre un coup fumant dans l’aile car rien n’est moins sûr. « Pourquoi Moscou brûle-t-il autant ? » aurait demandé Napoléon étonné avant de quitter la ville pour aller s’enfoncer dans la mortifère glacière des plaines russes puis la traversée de la Bérézina.

    Plusieurs thèses s’opposent à propos des soi-disant actes volontaires et prémédités qui auraient été le fait du père de « notre comtesse de Ségur" (*). Il est fort possible que l’incendie qui a détruit les trois quarts des habitations en bois de Moscou ait pris naissance accidentellement dans des locaux occupés par la soldatesque française. Mais il est aussi possible que l’incendie ait pu se déclarer ailleurs et pourquoi pas dans l’une de ces maisons abandonnées par ses occupants habituels pris de panique devant l’arrivée des soldats français.

    Cependant, à Moscou, quelques maisons en bois en ont réchappé. Ces maisons sont toujours visibles et, pour faire la nique à Napoléon, elles sont fort bien entretenues. A l'intention des lecteurs, j'en communique les adresses : 5, Sytinski pereoulok; 5, Elokhovski proezd; 15, oulitsa Sadovaïa Koudrinskaïa.

    Voir également Armée Napoléon