HISTOIRE DE LA RUSSIE ET DE L’URSS

Tamara KONDRATIEVA - INSTITUT NATIONAL DES LANGUES ET CIVILISATIONS ORIENTALES

Accueil général I Introduction II Les sources III La Russie de Kiev IV La Russie de Kiev V Féodalités: tableau VI Avant la conquête mongole VII La conquête mongole VIII Formation de l'Etat russe IX A la fin du XVe siècle X Les réformes d'Ivan IV XI Le temps des troubles XII La réforme ecclésiastique XIII Au XVIIIe siècle XIV Pierre le Grand XV Industrie et commerce XVI Après Pierre le Grand XVII Sous Catherine II XVIII La transition XIX Mouvement révolutionnaire XX Crises et progrès-1 XXI Crises et progrès-2 XXII L'Etat et la Société XXIII Le phénomène stalinien XXIV Stalinisme et fascisme -

XVIII   DU XVIIIè AU XIXè SIECLE: LA TRANSITION

La vie sociale

Le servage reste inébranlable. En Russie d'Europe, près de la moitié des paysans sont des serfs. Selon le recensement de 1858, sur 59 millions de la population de cette partie de l'Europe, 23 millions vivent dans le servage.

La répartition du servage n'est pas uniforme dans toute la Russie d'Europe. Certaines régions ont été "libérées", telles la Pologne ou les provinces de la Baltique. 416.000 serfs y ont été émancipés en 1816. Les provinces les plus dépendantes du servage correspondent en gros à la Haute-Volga, au bassin de la Moskova, à une large bande sur la rive droite du Dniepr, de Smolensk à Kiev.

Les régions où l'on compte le plus grand nombre de paysans libres (plus de 80 % des paysans) sont sur la rive gauche de la Volga depuis Kazan, en Crimée, en Bessarabie, c'est-à-dire aux marges périphériques de l'Empire en Europe.

Ni Alexandre Ier, ni Nicolas II n'ont modifié l'état des choses, bien qu'ils aient tous deux réuni de nombreuses commissions au sujet du servage. Les mesures prises pendant leur règne n'ont pas touché au principe, elles ont seulement adouci ses applications.

L'industrie

A partir de Pierre le Grand une région de grosse industrie métallurgique, dont il n'existait alors aucun équivalent en l'Europe, s'était constitué dans l'Oural. Cette industrie n'était pas née spontanément, mais installée par la volonté du tsar dans les forêts où il fallait au début amener le matériel et les ouvriers, recrutés de force parmi les artisans qui, dans la région de Moscou et du lac Onega, travaillaient le fer.

Le tsar avait obligé Nikita Demidov, maître de forges de Tula, à transférer son activité dans l'Oural. L'usine d'Etat qu'il lui a remise en 1702 fut le premier acte d'une longue transformation de l'Oural. Vers la fin du XVIIIe siècle, les Demidov possédaient quelques dizaines d'usines dont ils créèrent eux-mêmes plus que la moitié.

La prospérité des usines ouraliennes reposait plus sur les ventes à l'étranger que sur un marché intérieur limité. Au milieu du XVIIIe siècle, d'importatrice de fer, la Russie devient exportatrice. Vers 1790, la métallurgie de l'Oural est en avance sur celles d'autres pays, produisant à peu près un tiers de la production mondiale, et exposant une partie importante de sa production. Ce succès extraordinaire s'explique par les techniques traditionnelles de la fonte au bois. La Russie, riche en cette matière avait un grand avantage devant les pays occidentaux et elle a su en profiter pour augmenter la production de fer.

La métallurgie non ferreuse connaît également un progrès considérable, surtout la fonte de cuivre. Dès les années 40 du XVIIIe siècle, commence à se développer en Russie l'industrie de l'or.
L'industrie textile représentée par des fabriques de toile à voile, de drap, de câbles et cordages ou par des manufactures qui produisaient une toile large, grosse et blanchie, cette industrie textile connaît aussi un grand essor.
Avec les usines, fabriques ou manufactures construites par l'Etat et cédées à des personnes privées, se développe une manufacture seigneuriale à base presque exclusivement servile. Cette manufacture se développe après 1750, grâce au protectionnisme, et demeurera vivace jusqu'à l'abolition du servage.

Sa base économique essentielle est l'existence de matières premières agricoles (laine, lin, cuir, bois), qu'il est intéressant de faire transformer sur place, puis transporter gratuitement par les serfs. Cette manufacture seigneuriale est essentiellement une industrie de transformation agricole. Par conséquent, elle n'est valable que pour les industries où règne la technique la plus rudimentaire.

Vers la fin du XVIIIe siècle, apparaît un type proprement paysan et servile de manufacture. Le point de départ en est l'industrie (Kustar). Cette industrie revêt soit la forme de travail à domicile du paysan, soit celle de petits ateliers artisanaux. Cette manufacture, elle aussi, est un produit du servage. Les seigneurs trouvent parfois leur avantage à permettre à leurs serfs de se livrer à des occupations non agricoles, notamment dans les régions où les sols sont pauvres.
Si au XVIIe siècle la Russie est industriellement un pays retardataire par rapport à l'Europe, au XVIIIe siècle ce retard est en grande partie rattrapé, et la manufacture russe, apparaît à peu près comme l'équivalent de la manufacture européenne. Toutefois il s'agit partiellement d'une illusion d'optique et d'une coïncidence historique : la manufacture servile russe est le résultat ultime qu'a pu obtenir un régime social archaïque et tendu à l'extrême, au moment où la révolution industrielle, en France et en Angleterre va apporter des changements massifs à la vie économique.

Dès que les pays occidentaux entrent dans l'ère d'industrialisation, la Russie prend un retard important. Il suffira de quelques années d'application des techniques modernes à l'Ouest pour que la métallurgie par exemple, soit distancée irrémédiablement de même que les autres industries.

Exemples :

1°/ Alors que vers 1820 la Russie produisait plus de fonte que la France, les Etats-Unis ou la Prusse, en 1860 la Grande-Bretagne produit 10 fois plus qu'elle, les Etats-Unis 3 fois plus, la France, 2 fois et 1/2 et même la petite Prusse dépasse le vaste empire russe.

2°/ Vous savez qu'au XIXe siècle, le niveau industriel d'un pays dépendait largement de sa richesse en charbon. Si l'on compare la Russie avec les pays occidentaux selon ce critère, on constate, qu'en 1857 elle extrait 51.000 tonnes de charbon contre 67 millions de tonnes en Grande-Bretagne, 14,8 millions à la Prusse, 14,6 millions aux Etats-Unis et même 3,9 millions en France.

Par rapport à la Russie même :

Si dans le domaine métallurgique, c'est la stagnation, certaines modifications techniques relancent l'industrie textile, surtout en ce qui concerne le tissage et les impressions sur tissus. Un premier éveil apparaît dans les années trente. A cette époque, la production des tissines de coton imprimées prend une place de choix grâce à une mécanisation accélérée de la filature. Cela donne naissance à quelques grandes fabriques modernes. Vers 1835, 70% des 200.000 ouvriers du textile sont des ouvriers russes. Dans les années 40, l'industrie lainière moscovite fait un progrès grâce aux inventions dans les procédés chimiques de teintures. Certaines innovations techniques amènent au développement de nombreuses raffineries et distilleries sucrières en Ukraine.

Pourtant ces mutations restent insuffisantes, pour que l'on puisse parler d'un véritable démarrage industriel en Russie avant le milieu du XIXe siècle.

D'une part, malgré son expansion, l'industrie textile reste encore de type artisanal. Vers 1850, dans un secteur essentiel, comme le travail du lin, pour un ouvrier d'usine, on dénombre trois paysans travaillant à domicile. De même dans le secteur lainier, à l'exception de la région moscovite, les ateliers sont installés par de grands propriétaires qui font travailler leurs serfs dans les conditions techniques archaïques. Les distilleries et les raffineries sucrières sont installées aussi dans les domaines des propriétaires qui ont su à temps s'adapter à l'évolution.

D'autre part, les mines et la métallurgie, secteurs de base, seuls susceptibles de faire démarrer la grande industrie, demeurent endormis. L'indispensable mutation industrielle reste à faire. L'industrialisation russe n'a pas encore commencé. La Russie prend de plus en plus de retard par rapport aux pays occidentaux qui eux, justement, vivent leur révolution industrielle.

Pourquoi ce retard et surtout son aggravation relative ? Trois facteurs fondamentaux expliquent le phénomène ;

1°/ la passivité de l'Etat en matière économique ; 2°/ l'insuffisance du marché national avec pour corollaire l'insuffisance de l'accumulation nationale ; 3°/ l'état archaïque de la société russe, bloquée à bien des égards à cause du servage.

L'Etat :

Aux XVII – XVIIIe siècles, l'Etat a toujours joué un rôle dirigeant en matière économique. L'insuffisance de ressources privées, l'étroitesse du marché intérieur ont conduit les tsars, Pierre surtout, à entreprendre les créations d'usines, quitte à en laisser ensuite la gestion aux entrepreneurs privés. Or au XIXe siècle, l'Etat sombre dans l'immobilisme : les dépenses militaires excessives ne lui permettent pas de dégager des ressources budgétaires suffisantes. En outre, au XIXe siècle, il n'y a pas de tsar de même envergure que Pierre le Grand.

L'insuffisance de l'action gouvernementale serait secondaire si les entreprises privées se multipliaient. Là encore, le bilan reste mince. La manufacture seigneuriale reste peu développée. En 1840 elle ne représente que 10 % du nombre total des entreprises en Russie. On peut toujours mettre en avant les exemples exceptionnels de certaines réussites : ainsi, les serfs millionnaires d'Ivanovo, ville du textile. Là, sur les terres de la famille Seremetev, où traditionnellement les paysans complétaient les maigres ressources tirées de l'agriculture par la vente de tissus de lin imprimés qu'ils fabriquaient à domicile, apparaissent des capitalistes autorisés par leur maître à fonder des ateliers, et à faire travailler pour eux des artisans locaux, libres ou serfs. Le serf entrepreneur emploie occasionnellement d'autres serfs assignés, mais la majeure partie du personnel est de statut libre: c'est un paradoxe de la vie économique russe que de voir des serfs commander des hommes libres. Parfois, ces serfs capitalistes rachètent - fort cher - leur liberté et s'inscrivent dans des guildes de marchands.

En parlant du milieu marchand, on pourrait citer une douzaine d'exemples d'entrepreneurs qui se sont lancés dans l'industrie textile, pour y construire de durables fortunes. Mais leur réussite, ainsi que celle des serfs-capitalistes, ne changent pas le tableau général de la vie industrielle où le manque d'initiative privée reste énorme.

Le marché intérieur :

Le marché intérieur, cette condition indispensable à l'industrialisation, ne se développe pas suffisamment vite. Le manque et le mauvais état de transport (seulement quelques lignes de chemin de fer), l'économie autarcique des paysans et des pomesciki, freinent les échanges actifs.

Les structures bancaires expliquent également l'insuffisance du marché intérieur. Les premières Caisses d'Epargne sont apparues vers 1840-1850, mais leurs dépôts restent faibles. Les petites banques régionales, multipliées après 1830, et même la Banque Commerciale d'Etat créée en 1817, manquent à leur destination car elles dispensent l'essentiel de leurs ressources en des prêts à des pomesciki, non point pour relancer le commerce ou l'industrie, mais pour combler des dettes souvent dîtes "d'honneur". Une circulation monétaire stable et solide manquait au pays. Cela empêchait aussi le développement harmonieux de l'économie russe.

Main d'oeuvre :

Enfin, comme nous le savons, l'industrialisation exige une main-d'oeuvre sinon toujours qualifiée, du moins, largement séparée de son milieu rural originel. Ce qui n'était pas du tout le cas de la Russie. La plupart des ouvriers restaient paysans. A peine détachés de la campagne ils avaient, pour la plupart, des occupations industrielles partielles ou provisoires, s'engageant à l'usine pour la mauvaise saison et revenant participer aux moissons dans leur village pour le compte d'un comptoir de distribution. Tout cela veut dire qu'une masse d'ouvriers associait occupations agricoles et métiers industriels. Sans parler des serfs, cette main-d'oeuvre archaïque déplacée dans le contexte historique moderne.

L'agriculture:

L'évolution est, comme toujours, lente. L'araire reste l'outil principal des travaux agricoles, la charrue et la herse de fer faisant exception. Le système triennal n'est pas encore dominant. Ce qui distingue l'agriculture au XVIIIe siècle et au milieu du XIXe siècle, par rapport au siècle précédent, c'est la colonisation agricole des nouvelles régions, notamment celles de la Crimée, récemment conquise (1783), du Don et du Caucase du Nord, et les bords de la mer Noire. Dans ces régions, le gouvernement distribuait des terres aux pomesciki et autorisait même les paysans libres à s'y installer. Par conséquent, le Sud de la Russie connaissait à peine le servage, les pomesciki utilisant la main-d'oeuvre libre. Les nouvelles régions se spécialisent en production de blé destiné à l'exportation. La proximité de la mer Noire y est favorable.

Je vous ai mentionné une évolution dans le domaine du fer au textile. Une autre importante évolution apparaît dans le domaine du fer au blé.

La racine fondamentale des particularités du modèle russe de développement, réside dans le fait que l'établissement de relations nouvelles a revêtu jusqu'au bout en Russie un caractère hésitant et partiel. Quand l'Occident se montrait capable de détruire radicalement et rapidement les relations anciennes, la Russie cherchait à accommoder ces relations anciennes aux exigences nouvelles. On peut parler de la différente plasticité sociale en Russie et en Occident.

L'analyse des conditions qui ont accompagné le jeu de la plasticité sociale en Russie et en Occident, nous montre la première particularité importante du modèle du développement russe : c'est le rôle joué dans l'industrie par la noblesse féodale secondée par l'Etat et par le travail servile. Ce n'est pas que l'Occident n'ait pas connu de nombreux exemples de nobles convertis à l'industrie ou des paysans employés dans des activités non agricoles, mais il s'agit de cas individuels. En Russie au contraire, il s'agit d'un phénomène qui rend actif la noblesse parce qu'il n'existe pas d'autres classes susceptibles de remplir la même fonction.

Mais la noblesse foncière est une classe qui, même lorsqu'elle s'intéresse à l'industrie, tire sa force économique principale dans l'agriculture. Elle est rebelle à la notion d'investissement : son revenu est fait pour être consommé, non pour être épargné et investi. Il en résulte la deuxième particularité du modèle de développement russe : l'allure différente du processus que Marx a appelé l'accumulation primitive.

Dans les pays de l'Europe de l'Ouest, l'accumulation primitive, c'est-à-dire, la séparation des producteurs (des paysans) d'avec leurs moyens de production, est réalisée en partie par la noblesse, mais aussi, et beaucoup plus efficacement et massivement par la bourgeoisie préindustrielle. Cette bourgeoisie dont les moyens d'enrichissement ne sont pas liés au servage et dont le comportement économique normal est l'investissement, utilise des moyens d'accumulation qui détruisent le lien féodal entre le paysan et ses moyens de production (terre, outillage, cheptel). Elle transforme l'ancien serf en individu juridiquement libre mais dépouillé de moyens de travail, apte à devenir un salarié dans l'industrie ou dans l'agriculture.

Ce qui caractérise l'accumulation primitive en Russie, réalisée de façon plus massive qu'en Occident par la noblesse et non par la bourgeoisie préindustrielle terrienne, c’est que cette noblesse commence la séparation du paysan d'avec ses moyens de production mais elle ne l'achève pas. Cette séparation commence dans la mesure où la noblesse foncière cherche à accroître ses revenus et sa puissance d'action économique en réduisant le lot paysan, en augmentant les corvées et les redevances. Les premiers pas de la commercialisation et de la monétarisation de l'agriculture russe ont poussé la noblesse foncière à accentuer l'exploitation du travail servile sous toutes ses formes. Mais la noblesse foncière ne peut pas achever ce processus de séparation. D'abord parce qu'il impliquerait qu'elle s'empare des moyens de production de la paysannerie (ce à quoi elle ne verrait pas d'inconvénients majeurs), ensuite parce qu'elle adopterait à l'égard de ces moyens de production le comportement bourgeois de l'épargnant et de l'investisseur, troisièmement parce qu'elle se résignerait à la disparition du servage au profit du salariat.

Il était impossible à la noblesse foncière de changer de comportement économique comme on change de peau et de se muer en grande bourgeoisie rurale. Elle se refuse à faire les investissements dans l'agriculture, elle se refuse, pour une plus forte raison, à les faire dans l'industrie dont le développement est freiné non seulement par l'inadaptation de la main-d'oeuvre servile aux tâches industrielles, mais aussi par le manque de capitaux. L'accumulation primitive russe, dans la mesure où elle est réalisée par la noblesse mais est inachevée, n'ouvre pas la voie au capitalisme et au salariat. Elle prend la forme principale d'une surpopulation agraire croissante.

Mais, par-là même, et c'est la troisième particularité du processus de développement russe dans sa dernière période (celle qui commence en 1861), l'accumulation primitive russe ne s'accompagne pas de ce qui a été la contrepartie positive de l'accumulation occidentale, la révolution agricole.

La révolution agricole, c'est-à-dire la diversification des cultures, l'introduction de nouveaux assolements, le développement des fourrages artificiels et de l'élevage intensif, la fumure des terres, n'était pas possible en Russie parce qu'elle supposait de lourds investissements de remembrement, de clôture, de préparation de fonds des sols, d'irrigation, de drainage, etc. Aucune fraction de la société russe n'était disposée à engager ces frais. D'ailleurs, tout au long de l'histoire russe et jusqu'aux dernières années de tsarisme, le développement de l'agriculture s'est réalisé de façon extensive - en défrichant de nouvelles terres - plutôt qu'intensive - en augmentant la productivité agricole.

Nous assistons dans la dernière phase du développement russe (à partir de 1861), à un type d'industrialisation qui ne s'appuie pas sur une révolution agricole préalable. C'est au contraire l'industrialisation qui peu à peu entraîne l'agriculture russe dans la voie du progrès technique et de la modernisation.

La dernière particularité du modèle de développement russe s'applique, elle aussi, à l'ultime période (après 1861). Elle peut être caractérisée par un rythme de développement industriel plus rapide qu'à l'Occident à étape comparable de développement, et par la mise en place d'une structure industrielle différente, accordant moins d'importance à l'industrie textile et en général aux industries de biens de consommation, et plus d'importance à la sidérurgie, aux industries de transformation du métal et, en général, aux industries lourdes. Il a fallu moins de temps en Russie qu'en l'Occident pour mettre en place une grande industrie moderne très concentrée. La Russie a connu une révolution industrielle tardive (1890 - 1914). Cela entraîna deux conséquences :

1°/ La révolution industrielle en Russie pouvait réaliser des couplages qui n'étaient techniquement pas réalisables au cours des premières révolutions industrielles en Angleterre ou en France (par exemple, couplage de la sidérurgie et des chemins de fer, de la navigation maritime et fluviale, du matériel de guerre lourd).

2° / Elle pouvait "sauter" une série d'étapes techniques (grâce à l'expérience occidentale) ou sociales liées aux techniques du passé. Elle a effectivement écourté la période manufacturière en passant très vite à la grande industrie moderne mécanisée.

Telles sont les principales différences entre le modèle russe et le modèle occidental de développement capitaliste.