HISTOIRE DE LA RUSSIE ET DE L’URSS

Tamara KONDRATIEVA - INSTITUT NATIONAL DES LANGUES ET CIVILISATIONS ORIENTALES

Accueil général I Introduction II Les sources III La Russie de Kiev IV La Russie de Kiev V Féodalités: tableau VI Avant la conquête mongole VII La conquête mongole VIII Formation de l'Etat russe IX A la fin du XVe siècle X Les réformes d'Ivan IV XI Le temps des troubles XII La réforme ecclésiastique XIII Au XVIIIe siècle XIV Pierre le Grand XV Industrie et commerce XVI Après Pierre le Grand XVII Sous Catherine II XVIII La transition XIX Mouvement révolutionnaire XX Crises et progrès-1 XXI Crises et progrès-2 XXII L'Etat et la Société XXIII Le phénomène stalinien XXIV Stalinisme et fascisme -

III LA RUSSIE DE KIEV AUX IX et XI SIECLES

A partir du IXe siècle se met en place autour de Kiev une structure social-politique que la plupart des historiens considèrent comme étatique. Nous aussi, nous partons de cette hypothèse.

Les princes de Kiev, descendants de Rurik, imposent leur pouvoir aux huit tribus slaves. Les nuances dialectales et les différences de genres de vie liées aux conditions naturelles n’empêchent pas toutes ces tribus de se comprendre et de s’entendre pendant un certain temps.

Kiev jouait à l’époque un double rôle : cette ville était l’avant-poste de la défense du pays contre la steppe et aussi un grand centre économique. Il convient de souligner que la formation de l’Etat autour de Kiev est due avant tout à ces deux facteurs et dans une moindre mesure à la volonté des hommes.

Devant les Pecenegi qui dominaient la steppe, toutes les villes marchandes sentirent la nécessité d’une force armée capable de protéger les frontières et les routes. Les princes de Kiev prirent l’initiative. Dès qu’une organisation militaire capable de satisfaire les besoins du pays fut constituée, toutes les villes marchandes et leurs régions s’y soumirent de plein gré. Se proclamant représentants et gardiens de l’intérêt général, les princes de Kiev entreprirent de soumettre les autres peuplades slaves moins insérées dans les activités commerciales.

Les princes profitèrent de leur pouvoir. Dès qu’Oleg eut renforcé sa position à Kiev, il s’employa à fixer les redevances que devraient lui verser les tribus soumises. Plus tard la princesse Olga délimita les circonscriptions administratives et judiciaires et en fixa les taxes.

A part ce qu’on peut appeler les impôts indirects, les tribus slaves payaient à la famille princière siégeant à Kiev ou dans d’autres villes, un tribut. Généralement il était payé en nature : fourrures, miel et cires essentiellement. Il était perçu par les princes au cours de leur tournée administrative et fiscale dans les tribus conquises. Ce procédé annuel s’appelait «poljud’e ».

Dans son ouvrage, «De l’administration de l’Empire » écrit vers le milieu du Xème siècle, l’empereur Constantin Porphyrogénète brosse un tableau du polljud’e dont il admire l’aspect organisationnel. Dès les premiers jours de novembre, les princes, avec leur druzina, sortaient de Kiev et, pendant tout l’hiver parcouraient les terres des tribus slaves qui devaient payer le tribut. Les habitants des villages devaient les nourrir et les loger.

En avril, lorsque le Dniepr se libérait de ses glaces, ils redescendaient vers Kiev. Pendant que les princes, avec leurs druzinis erraient en territoires conquis, les Slaves tributaires abattaient des arbres, y creusaient des embarcations et, au printemps, les rivières libérées, ils descendaient le Dniepr et ses affluents à leurs esquifs vers Kiev. Là, ils vendaient les barques aux princes lorsque ceux-ci rentraient de leur tournée.

Après avoir chargé les esquifs qu’ils venaient d’acquérir, les princes, en juin, fortement protégés, les amenaient par le Dniepr jusqu’à Viticev où ils attendaient l’arrivée, par le même fleuve, des barques marchandes de Novgorod, Smolensk, Ljubec, Cernigov. Puis le grand convoi descendait le Dniepr. Les barques devaient être portées à dos d’homme ou propulsées à la perche au passage des rapides (là où le Dniepr s’infléchit brusquement vers l’Est, il se trouve coupé, sur une distance de 76 km, par d’énormes pierres et rochers qui se dressent comme des pics isolés. La largeur des rapides atteind 320 mètres, l’un d’entre eux s’étend même sur 750 mètres. La vitesse du courant, en dehors des rapides, ne dépasse pas 50 m/mn. Dans les rapides, elle est de 300m/mn). On comptait à l’époque sept rapides.

Les rapides passés, le convoi se trouvait constamment poursuivi par les nomades, les Pecenegi (au Xe siècle). Lorsque les vagues rejetaient les bateaux sur la côte, les Pecenegi se précipitaient pour les attaquer. Repousser leurs attaques était la tâche des guerriers qui accompagnaient le convoi. Constantin Porphyrogénète termine sa description en remarquant que c’était là une pénible navigation pleine d’infortunes et de dangers.

Arrivés à Byzance (Constantinople), les marchands s’installaient dans un quartier réservé aux Russes et y restaient pendant la saison commerciale qui durait six mois. Les conditions de leur séjour ainsi que leur activité commerciale étaient réglées par les traités de 911, 945 et 972, conclus à la suite de plusieurs expéditions victorieuses des Russes contre Byzance.

Il est facile de comprendre quelle marchandise les Russes vendaient à Constantinople. C’était le tribut que les princes avaient amassé : fourrures, miel, cire, et parfois du blé. A ces denrées venaient s’ajouter des esclaves. Le commerce d’esclaves fut important, surtout aux Xe et XIe siècles. Ibn-Dasta relate que les princes russes opèrent des razzias chez les tribus slaves. Ils arrivent en bateaux, débarquent, font prisonniers les indigènes et les vendent à d’autres peuples (à Byzance ou dans les marchés orientaux).

Il y avait encore une troisième catégorie de marchandises que les Russes amenaient à Constantinople : tout ce que les marchands russes achetaient chez les occidentaux, produits artisanaux, armes, tissus, bijoux etc. La caravane de retour ramenait à Kiev des objets de luxe, des vins, des armes, des tissus et des épices.

Les marchands grecs n’allaient presque jamais en Russie. Les Russes, en revanche, se rendaient à Constantinople chaque année. La Russie de Kiev faisait aussi du commerce avec d’autres pays. Par les voies fluviales du Nord-Ouest, elle était en liaison étroite avec le monde scandinave. Les routes qui liaient l’Occident à l’empire byzantin par l’intermédiaire de la Russie sont connues comme «La voie des Varègues aux Grecs». Par la voie de l’Oka et de la basse Volga, les Russes faisaient des échanges avec le royaume de Khazar entre la mer Noire et la mer d’Aral.

Vers l’Est, la Russie était liée aux Bulgares de la Volga moyenne et de la Kama. A travers la Bulgarie (Turcs de la mer d’Azov, venus sur la Volga après la chute de la Grande Bulgarie au VIIe siècle entre le Don et la Kuban), les Russes étaient en contact avec les marchands de l’Asie Centrale.

Les rapports commerciaux de la Russie avec le reste de monde étaient assez développés, mais il semble bien que la grande caravane annuelle, dirigée vers Byzance, avait par les revenus réguliers qu’elle donnait aux princes, une importance primordiale tant politique qu’économique..

Après cette présentation, vient tout naturellement la place qu’occupait le commerce dans l’économie de la Russie de Kiev. Etait-ce un pays commerçant ? La vie sociale et économique des Russes n’était-elle basée que sur le commerce, comme pense l’historien russe Kljucevsky ? Ou n’était-il qu’un pays agricole comme le prétend l’historien soviétique Grekov ?

Kljucevsky et ceux qui partagent sa conception présentent la Russie de Kiev comme un pays exclusivement commerçant. D’après eux, toute la population, d’une manière ou d’un autre était entraînée dans les échanges. Kljucevsky ne signale même pas l’existence d’une activité agricole. Pourtant, les villes abritaient de nombreux éléments montagnards et n’étaient que des oasis au milieu des plaines et des forêts peuplées d’agriculteurs. De ce point de vue, c’est à Grekov que revient la découverte chez les slaves orientaux de l’ancienne pratique agricole. Mais, dans son interprétation, il va trop loin. Encadré par le schéma historique soviétique d’après lequel tous les peuples passent par l’esclavagisme, le féodalisme et le capitalisme pour finir par le communisme, il défigure certainement les rapports sociaux dans le monde rural russe en s’efforçant de présenter la Russie de Kiev comme un état nécessairement féodal. Pourtant, il est difficile de concevoir un état féodal là où la grande propriété terrienne n’existe qu’à peine.

Nous sommes, une fois encore, face au problème qui ne peut-être résolu qu’en conciliant les deux thèses. Quel était donc le rôle du commerce ? Le nombre de marchands et le volume des échanges ne furent peut-être pas importants, l’économie restant essentiellement agricole et autarcique. Cependant, le rôle du commerce fut décisif dans la montée et l’épanouissement de la Russie de Kiev en tant que première forme étatique et leur apporta richesse et célébrité.

La vie Sociale

Les princes de Kiev établirent dans les régions urbaines une organisation gouvernementale, à commencer, bien entendu, par l’administration fiscale qui tirait des revenus des villes. Dans les régions de Cernigov, Smolensk, Vysgorod, et d’autres villes, ils plaçaient des lieutenants (les posadniki). Ils les choisissaient parmi leurs parents ou leurs gardes. Ces posadniki avaient leur propre troupe, jouissaient d’une assez grande indépendance, et n’entretenaient avec Kiev que des rapports assez détendus. Le prince de Kiev était tenu, parmi eux, que pour le plus ancien. Et comme tel, il s’appelait le Grand prince, afin de se distinguer des princes locaux. Les princes étaient entourés de leurs hommes (les bojare), formant la druzina. Les bojare exerçaient les fonctions administratives les plus variées et formaient le conseil du prince : la Bojarskaja duma. Les bojare étaient liés au prince de leur propre volonté et pouvaient le quitter quand bon leur semblait. Ils composaient une force armée mobile entretenue par les princes.

A part les princes et leur entourage (gardes, agents, serviteurs), les villes étaient peuplées par les marchands, les artisans ou encore les marchands étrangers. Il y avait dans les lus grandes villes des quartiers varègues, allemands, juifs, arméniens. Les paysans, qui constituaient la plus grande partie de la population, vivaient en communautés terriennes, perdues dans les forêts ou dans la steppe boisée. Ils pratiquaient la chasse, la pêche, la cueillette, l’apiculture et, dans une moindre mesure, la culture des céréales. Ils pratiquaient traditionnellement la culture itinérante (perelog). Dans la zone de forêts, elle se pratiquait sur brûlis. L’abattage des arbres était soigneux, les cultures profitaient du sol amélioré par les cendres. Dans les deux premières années, les rendements étaient très élevés, on pouvait semer sans labourer la terre. Mais les récoltes décroissaient ensuite rapidement. On abandonnait la terre après sept à huit ans d’utilisation. Ce «nomadisme de champs » était si bien adapté aux conditions naturelles qu’il a subsisté dans certaines régions jusqu’au XIXe siècle, concurremment avec les formes les plus modernes de cultures car il restait rentable et n’exigeait que peu d’efforts.

La société agricole était représentée par les «smerdy» (ou puants), paysans libres, propriétaires héréditaires du sol, organisés en communes autonomes (mir, verv, volost), et par les «kholopy », (ou esclaves). Ceux-ci étaient des anciens prisonniers de guerre, leurs enfants, des paysans liés par leur dette ou bien des criminels. D’après les sources, l’esclavage était assez développé en Russie.

De quel esclavage s’agit-il ?

Il s’agit d’une institution ancienne, de l’esclavage patriarcal. Selon la vieille tradition, on ne tuait pas les prisonniers de guerre, on les faisait travailler pour la famille ou bien on les échangeait contre une rançon. Dans la Russie de Kiev, les sources de l’esclavage se diversifient (par des mariages, dettes, ventes) et le nombre d’esclaves s’accroît. Ils travaillent en tant que domestiques et laboureurs des champs. Mais l’esclavage ne prend pas les dimensions, l’allure et l’importance, de l’esclavage classique en cela qu’il ne devient pas la base de l’économie, comme autrefois en Grèce ou à Rome.

Nous avons vu la Russie de Kiev aux IX et XIe siècles. On peut constater qu’à cette époque, des populations diverses étaient liées à la grande principauté de Kiev. Les liaisons étaient essentiellement assurées par l’administration princière (posadniki, bojare). A la tête de cette administration se tenait le Grand prince de Kiev issu du milieu de ces Varègues qui apparurent en Russie au IXe siècle.

Ce prince est d’abord un homme d’arme, engagé pour protéger le commerce extérieur. La population lui verse un tribut. Les conquêtes militaires et les contacts avec les forces politiques étrangères plus évoluées, communiquent de nouveaux traits à son pouvoir. Ils le rendent plus complexe et lui procurent un caractères d’autorité gouvernementale. La christianisation des Slaves a contribué beaucoup à cette évolution.

La christianisation

Jusqu’à la fin du Xe siècle, il n’existait pas chez les Slaves orientaux de culte public. Ils adoraient la nature, en particulier le tonnerre et la foudre sous le nom de Péroun, le ciel sous le nom de Svarog, le soleil sous le nom de Dazdbog. Le dieu des vents s’appelait Stribog, le protecteur des troupeaux Volos, etc. Les forêts, les eaux, les maisons étaient peuplées d’êtres mystérieux appelés Lesnof, Vodjanoj, Domovoj ou de nymphes capricieuses comme Rusalka.

Le plus adoré était Péroun. Son nom revient à plusieurs reprises dans les textes des traités conclus par les Russes avec Byzance en 911, 945, 972. Le traité de 945 dit : «Si quelques prince ou quelqu’un du peuple russe viole ce qui est écrit sur cette feuille, qu’il périsse par ses propres armes, qu’il soit maudit de Dieu et de Péroun comme ayant violé son serment».

Le chroniqueur ajoute que le lendemain matin, après la signature du traité, le prince Igor a appelé les ambassadeurs grecs et est allé avec eux vers la colline où se dressait Péroun. Là, le prince Igor et ses guerriers païens ont prêté serment, les Russes chrétiens l’ont fait dans la chapelle de Saint-Elie, sosie chrétien de Peroun. Ainsi la chronique laisse entendre qu’il y avait des chrétiens parmi les Russes et qu’ils avaient même une église chrétienne à Kiev bien avant la christianisation officielle qui a eu lieu en 988-989, sous Vladimir.

En effet, les Russes connaissaient le christianisme et ses dogmes depuis la seconde moitié du IXéme siècle, quand les premiers missionnaires grecs firent leur entrée en Russie. Les missionnaires n’avaient pas réussi la christianisation des Slaves orientaux, mais ils avaient sensibilisé à cette religion un certain nombre de leurs chefs. La propagation des idées chrétiennes est devenue plus importante vers la fin du IXème siècle, grâce à la traduction des livres saints grecs en dialecte bulgare. La traduction a été faite par Cyrille et Méthode, deux évêques byzantins qui ont créé un alphabet tiré de l’alphabet grec mais adapté aux sons slaves. Soit dit en passant, cet alphabet cyrillique est à l’origine de l’alphabet russe. La langue russe des livres saints a été la langue littéraire des Russes jusqu’au XVIIIe siècle. Elle reste encore la langue liturgique des Russes orthodoxes. Nombreux alors étaient les Russes éblouis par la beauté des cérémonies religieuses à Constantinople. Ainsi, la princesse Olga s’est faite baptiser au cours de son voyage en 955.

Le christianisme pénétra en Russie par différents canaux dès le IXe siècle, mais les princes russes n’étaient pas pressés d’adopter la foi chrétienne en tant que culte public. Le baptême reçu de Byzance ou de Rome risquait de les mettre en dépendance d’une puissance ou de l’autre. En même temps, ils comprenaient bien la nécessité d’une religion qui se révélait partout indispensable au pouvoir princier, stable et respecté. L’intégration politique des princes russes aux rangs des monarques grecs et européens exigeait la christianisation.

De bonnes raisons conduisent à penser que ce sont des motifs politiques qui ont poussé les Russes au christianisme. On peut également considérer que les Russes cherchaient tout simplement à imiter les splendeurs des rites chrétiens. Ceux-ci, par la beauté et le côté mystique des cérémonies, attiraient tous ceux qui avaient eu l’occasion d’assister aux services à Byzance ou dans les colonies grecques en Crimée.

Le fait qu’au XVIIe siècle, au moment de la réforme ecclésiastique, les symboles religieux (icônes, fresques, musique, etc. ) prédominaient encore sur son essence spirituelle, laise à penser que, dès le début, les Russes communiaient plutôt avec l’expression esthétique des idées chrétiennes qu’avec leur contenu.

Une des légendes raconte qu’a la fin du Xe siècle le prince Vladimir envahit les possessions byzantines de Crimée, s’empara de Khersones et, profitant de sa supériorité, dicta ses conditions à l’empereur byzantin. Il voulait s’apparenter à la maison impériale en épousant la fille de l’empereur et se convertir au christianisme. Par cette présentation des faits, on cherchait à nier tout rapport de vassalité. Aux environs de 989, le prince Vladimir se fait baptiser ainsi que son entourage. Sous la menace de terribles châtiments, Vladimir oblige les Kiévin à se faire baptiser dans les eaux du Dniepr et ordonne de détruire les idoles païennes. La chronique donne une description pittoresque de la destruction de la statue de Péroun :

- «Vladimir ordonna d’attacher Péroun à la queue d’un cheval et de le traîner de haut en bas, audessus de Borycevo, jusqu’au ruisseau et il enjoignit à douze hommes de le battre avec des bâtons. Tandis qu’on le traînait le long du ruisseau jusqu’au Dniepr, les païens pleuraient sur lui. Or, après l’avoir traîné, ils le jetèrent dans le Dniepr. Vladimir dit à ses serviteurs : « S’il s’arrêtait quelque part, repoussez-le du rivage jusqu’à ce qu’il ait passé les rapides, alors vous le laisserez » Le vent le jeta sur une grève qui fut depuis appelée la grève de Péroun et porte encore ce nom aujourd’hui ».

Vladimir décida de faire venir des évêques de Bulgarie. Aux yeux du prince, il fallait que le clergé soit soumis au pouvoir princier et qu’il ne dépendit d’aucune puissance extérieure. Vladimir ne tenait nullement à reconnaître l’autorité du patriarcat de Byzance sur son nouveau clergé. De plus, il lui fallait des cadres ecclésiastiques qui puissent s’adresser aux Slaves dans leur langue et que Byzance ne pouvait lui fournir.

Le processus de christianisation durera longtemps. Entre le moment où le christianisme commence à pénétrer par diverses voies dans la région de Kiev au IXe siècle, et celui où il triomphe par l’installation, en 1039, de la hiérarchie byzantine à Kiev, il s’est écoulé plus de deux siècles. C’est simplifier à l’extrême que de rapporter à Vladimir la conversion de la Russie au christianisme. Ce fut un processus de longue durée, et seuls les habitant de Kiev, contraints par Vladimir, étaient baptisés massivement. Les autres ont gardé, pendant longtemps, leur croyance païenne. Au XIIe siècle, les Vjatici, par exemple, ignoraient toujours le christianisme.