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    De quoi «ivoire» plus clair sur une disparition énigmatique classée secret «défense»….

    L’une de mes connaissances, originaire de Yakoutie, vient de m’offrir un cadeau ramené de son lointain pays. C’est un magnifique pendentif fabriqué en peau et poils de renne. Cet animal, qui vit en troupeaux, est l’un des rares mammifères pouvant supporter des températures inférieures à 60°. A son cou, elle porte aussi un pendentif confectionné dans un morceau de défense de mammouth. Il est normalement défendu d’utiliser ces morceaux de squelettes préhistoriques. Avec Macha, nous avons évoqué le sort tragique de ces malheureux mastodontes. Contrairement à l'idée répendue, ces animaux ne vivaient pas très vieux, 50 à 60 ans au plus. La cause principale de mortalité chez les mammouths était la perte de leurs dents ! En effet, leur dentition comprenait d’énormes molaires qui leur permettaient de mâcher les végétaux de toutes sortes. Cependant, périodiquement, ces dents tombaient et étaient aussitôt remplacées par de nouvelles dents. Malheureusement, l’opération se renouvelait seulement cinq fois !. Ensuite, le dentier n’ayant pas encore été inventé, les mammouths des deux sexes, définitivement édentés, en étaient réduits à avaler quotidiennement sans mâcher les deux à trois cents kilos de végétaux nécessaires à leur survie. De mâchouillages en mâchouillements, de perforations de l’estomac en perforations, ces braves bêtes dépérissaient et finissaient par mourir

    Une autre cause du décès prématuré des mammouths était « la noyade par excès pondéral ». Pendant les périodes de réchauffement climatique, l’épaisse couche de glace qui recouvrait les marécages et les lacs de Sibérie se fragilisait et, lors de sa promenade quotidienne, l’imprudent pachyderme de 8 tonnes qui n’avait pas pris la peine d’écouter la météo voyait le sol se dérober soudain sous ses pattes. Il se retrouvait englouti dans les abîmes glacés. On dit que les hurlements lugubres des mammouths qui résonnaient alors dans la toundra glaçaient d’effroi leurs congénères. Certains prétendent que l’on entendait leurs plaintes de l’autre coté du détroit de Béring...

    Quant à la disparition et définitive de ces animaux, les scientifiques se perdent en conjectures. Chacun émet sa thèse. Moi aussi j’ai ma thèse. D’ailleurs, cela fait bien longtemps qu’elle circule dans les chaumières de Yakoutie. Par simplification, nous l’intitulerons « homosexualmammouthisme ». Dans les premiers temps, et ce durant quelques siècles, les spécialistes on noté un effondrement du taux de fécondité et donc de natalité chez nos chers mammouths. C’était déjà un mauvais signe qui aurait dû conduire à prendre des mesures incitatives pour le renouvellement de l’espèce.. Ensuite, par on ne sait quel phénomène de la nature, les jeunes mammouths mâles se sont progressivement désintéressés des mammouths femelles. Les jeunes filles mammouths eurent beau leur lancer des œillades enflammées, leur faire mille ronds de trompes, rien n’y fit. Les jeunes garçons n’avaient d’yeux que pour leurs petits camarades. Pas besoin d’être savant pour prédire ce qui allait arriver. A la fin, ne restèrent que deux jeunes et beaux garçons mammouths mais plus une seule « Jeanneton » mammouth. «La morale de cette histoire, la rirette, la rirette, la morale de cette histoire, des mammouths y en a plus !…» (air d’une célèbre chanson populaire bien connue en Yakoutie et en Normandie).

    Saint-Pétersbourg le 10/10/2002