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  • Les étages en Russie
    Ici, dans les immeubles, les étages se comptent d’une manière différente qu’en France. Ainsi, le 3ème étage d’un immeuble se comptera étant le 4ème étage. Ce décalage tient au fait que le rez-de-chaussée est compté comme le 1er étage.

    Cela ne va pas sans créer des quiproquos à l’occasion de rendez-vous ou d’invitations chez des amis. Par téléphone, on vous a bien précisé l’adresse où vous êtes attendus, dans l’appartement à droite sur le palier du 3ème étage. Mais lorsque la porte vient à s’ouvrir, vous vous trouvez alors nez à nez avec un inconnu car, en fait, vous êtes monté jusqu’au 4ème étage mode russe…Si l’occupant de cet étage est absent, vous risquez de rester longtemps à faire le pied de grue sur ce palier alors que c’est à l’étage en dessous que l’on vous attend.... Plus tard, vous pourrez toujours dire à vos amis «je suis venu, je ne vous ai pas vus »...

    Mais cela se complique si vos amis russes, informés de ce décalage de culture étagère, anticipent le fait que vous ne comptez pas les étages à la mode russe. Ils vous indiquerons donc qu’ils habitent au 2ème étage. Cependant, si vous avez de vous-même anticipé ce décalage de culture, enfermé dans vos nouvelles certitudes, vous irez directement sonner à la porte sur le palier du 1er étage mode européenne correspondant au 2ème mode russe alors que c’est à l’étage au dessus que vous êtes attendus… Cela n’est pas drôle lorque cela se produit un soir de Noel ou de Nouvel An..

    Cette situation m’a rappelé l’affaire de la «vieuille » et de la «nouvelle» heure imposée en France pendant l’occupation allemande. Nos occupants germains avaient aligné le pays sur l’heure de Berlin. Mais, après la Libération, et sans changement depuis, la France a conservé la «nouvelle heure» berlinoise. Cela produisit parfois de cocasses conséquences, surtout dans les campagnes, où l’on continuait à se référer imperturbablement à la «vieuille heure». Combien de trains manqués, de fidèles arrivant à la messe au moment de la sortie, de prêtres attendant dans leur confessionnal des pénitents retardataires, de réunions de conseils municipaux annulées, d’enterrements retardés en l'absence du principal intéressé...

    Chez un de mes oncles, prénommé Joseph, après nombre de chamailleries à propos de la «vieuille ou la nouvelle heure», le problème avait été résolu d'une manière originale. Sur un mur de la salle de séjour avaient été accrochées deux pendules à carillons : celle de droite donnait la «nouvelle heure» c’est à dire "l’heure de Berlin" comme disait malicieusement mon oncle; celle de gauche établissait un compromis entre la vieille heure et la nouvelle heure, c'est à dire un décalage de 30 minutes.... C’est quand-même pas les frigolins qui vont nous imposer leur loi ! Compromis intelligent mais à vous donner la migraine.