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  • Métiel à Saint-Pétersbourg
    Ce matin, le thermomomètre affiche -17°. La neige a cessé de tomber. C'est une bonne nouvelle car hier, toute la journée, c’était "méetiel". Ce terme désigne une tempête de neige. Les bourrasques de neige qui s'abattent sur la ville sont redoutables. Il faut imaginer un tourbillon de sable dans le Sahara. Métiel, c'est la même chose mais avec de la neige à la place du sable, une neige très fine, très dure et cinglante, portée par de violentes rafales de vent. Elle vous pénètre dans les yeux, les oreilles et le cou, à travers les interstices des vêtements. L'effet est très désagréable. Les larges avenues de Saint-Pétersbourg sont bouchées par le déferlement des éléments, la visibilité est quasiment nulle; pas d'autre solution que de marcher à reculons en s'arqueboutant, le dos au vent. Vous ne maîtrisez plus votre direction, c'est Métiel qui vous l'impose. Malheur à celui qui, après avoir abusé de la vodka se sera couché sur le trottoir !

    A quelques mètres en dessous du Pont du Palais, devant l'Ermitage, la Néva s'est enfermée pour des mois dans son linceul d'hiver. En provenance du lac Ladoga, situé à une centaine de kilomètres en amont, avant les grands froids, les glaçons avaient dérivé vers le Golf de Finlande. Puis, saisis par la froid, ils de sont rapidement figés en un immense linceul immobilisant le fleuve.

    La ville de Saint-Pétersbourg, dont la construction commença au début du XVIIIe siècle dans un endroit hostile et marécageux, est constituée de 41 îles. Un grand nombre de rivières et de canaux les traversent. C'est la raison pour laquelle on y compte plus de 300 ponts ! Cela ressemble à Venise, mais en beaucoup plus grand, beaucoup plus froid, mais aussi beaucoup plus beau.

    Certes, durant l'hiver, la nuit est presque permanente. Mais l'été, en compensation, le soleil y brille pratiquement vingt quatre heures sur vingt quatre. Cette période est plutôt magique; nul besoin des artifices type gondoles et gondoliers, la beauté de la ville se suffit à elle-même. Le fleuve Néva est magnifique d'une froideur envoûtante.

    C'est comme un rêve errant dans la brume, un mystère.
    Une procession d'ombres sur un ciel noir.
    La solitude vaste, épouvantable à voir,
    Partout apparaissait muette vengeresse.

    Victor Hugo