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  • Vodka Poutinka
    Les Français ont une fâcheuse tendance à critiquer ou tourner en dérision leurs gouvernants…. Moi-même, je me laisse trop facilement aller à cette habitude. On ne se refait pas. Mais hors de la France, dans ce domaine, je suis irréprochable. Enfin presque…. Aujourd'hui, c’est la « Poutinka » qui à attiré mon attention. Non pas l'épouse de Valodia, mais une nouvelle marque de vodka lancée récemment à grands renforts de publicité : affiches et luxueuses brochures , « voilà que c’est moi que je suis la Poutinka ». En chapeau, surmontant la réclame sur une bouteille de vodka, une couronne impériale tsariste. Le slogan publicitaire principal: Nous ne recherchons pas les chemins faciles.

    La bouteille est droite et carrée, le contenu est réche comme une poire verte. Toute l’apparence de son maître. C’est une vodka qui doit assurément se boire en claquant les talons.. ! Son prix : environs 30% plus élevé qu’une vodka identique, c’est à dire de moyenne qualité.

    En France, personne n’y avait encore songé. Pourtant, ce n’est pas les produits qui manquent dans l’hexagone. Cela pourrait donner matière à commercialiser un grand cru bordelais dénommé « Cuvée Juppettinka», un poiré domfrontais « Bureltinka », une marque de boudin de Mortagne dénommé «Gouletinka», un calvados normand «Jaglinka» ou un véritable camembert au lait cru «Bauvaitinka», et bien sur un pommeau « Rebourtinka ». En poussant un peu plus loin, on pourrait promotionner une nouvelle marque de cigarettes « La Chiraka » ou des jouets militaires pour les petits Français « les Alliot-Maritinka»

    Avec toutes les spécialités régionales françaises, les cognacs liqueurs et pastis, je ne prétends pas que la France pourrait concurrencer la Poutinka, mais elle pourrait au moins espérer une place de challenger. Vous imaginez les recettes supplémentaires.…Plus besoin des cotisations des militants. Certes, comme toujours, je les entends déjà râler : «c’est une bonne idée mais il aurait fallu y penser plus tôt». Si mon idée ne séduit pas l’hexagone, je la déposerai auprès de l’I.N.I. Après, il sera trop tard pour venir réclamer. Une précision à propos de la Poutinka, cela ne s’invente pas : le directeur de cette nouvelle firme s’appelle A. Romannof…
    Saint-Pétersbourg le 24-02-2004

    Vodka Stalinka

    Récemment, j’avais fait l'acquisition d'une nouvelle vodka dénommée Poutinka. La concurrence a dû se sentir aiguillonée car l’on trouve maintenant dans les magasins une vodka Stalinka. Il a tant fait pour le bonheur du peuple aussi celui-là que ce serait ingratitude de ne pas distribuer une marque de vodka à sa mémoire et portant son nom.

    Certes, la bouteille est plus modeste que la prétentieuse Poutinka, néanmoins elle est ornée d’une photographie du plus bel effet représentant le «Petit père des peuples». Fier port du buste sans trop d’ostentation, large front sans aucune ride, moustache souple et grisonnante qui vient suggérer un sentiment de confiance, regard doux et clair semblant indiquer aux peuples de l'URSS les routes radieuses conduisant vers leur émancipation. Au dessus de la photo, un gros titre : « Pas un pas en arrière» ! J’avoue que la lecture de ce titre m’a cependant laissé dubitatif

    Pour obtenir la photo, j’ai voulu acheter cette bouteille de vodka. Pas de jaloux car déjà, la semaine dernière, j’avais acheté la Poutinka. D’autant plus que Joseph et Valodia, ils sont autant ombrageux l’un comme l’autre. Soudain, mon attention a été attirée par le prix ridiculement bas de 42 roubles, soit deux à trois fois moins cher que le prix des vodka de moyenne qualité. C’est alors que la vendeuse m'a demandé :

    - C’est pour la boire ?
    - Ben non, c’est seulement pour récupérer la photo de Staline.
    - Parce que si vous la buviez, vous pourriez aller à l'hopital ou devenir aveugle !
    Du coup je fis un pas en arrière.
    -Vous pourriez peut-être aussi en mourir.. !
    Je crois avoir blêmi…

    Décontenancé, je suis reparti les mains vides. Incroyable ce Joseph, 50 ans après sa disparition, il est encore capable de susciter chez nous des frissons de terreur. Son regard doux et clair m’a soudain semblé dur et froid comme de l’acier, sa moustache, à bien l’observer de près, semble plus rugueuse que du crin. Il me donne la chair de poule.

    Rentré chez moi, et réflexions faites, je me suis dit qu’il s’agissait-là probablement de calomnies, de rumeurs infondées comme en circulent tant en Russie. C’est pourquoi, refusant d’accepter les faits sans preuves indiscutablement établies, j’envisage quand-même d’acheter la semaine prochaine cette bouteille de vodka Stalinka. Non seulement l’acheter mais aussi en boire ! Qui vivra verra. Je ne risque pas grand-chose car je possède ici une méthode pour lire et écrire en braille. En cas de malheur, je pourrais ainsi continuer à écrire « Mes impressions de Russie ». En espérant que ce ne seront pas des « mémoires d’outre tombe »…

    Saint-Pétersbourg le 9 mars 2004.