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    A propos des chants révolutionnaires français, tels La Carmagnole, Ah ! ça ira ! Dans un questionnaire publié par la direction du Lycée 171, un certain nombre de lycéens n’avaient rien trouvé de mieux que de relater ma tendance à les fredonner .

    Un jour, j’évoquais les péripéties qui firent que la République de 1792, paradoxalement, accoucha de l' Empire. Ensuite, ce fut la Restauration de la monarchie ! Après « Les Trois Glorieuses » de 1830, ce fut immanquablement l’année 1831 ! Et là je plaide coupable car l’année 1831, je ne l’avais pas vue arriver aussi rapidement …. Elle fut marquée par la célèbre et terrible révolte des Canuts de Lyon…Qu’auriez-vous fait à ma place ? A propos des Canuts de Lyon j’avais décidé de faire court; jusqu’au moment où un tentateur de lycéen m’interpella doucereusement : « connaissez-vous le chant des Canuts de Lyon» ? C'est ici que j'ai perdu mon contrôle. - « Bien sur que je le connais » me suis-je entendu répondre. A peine ai-je imprudemment prononcé cette phrase que j’entonnais devant eux ce chant de révolte.

    « Pour gouverner il faut avoir rubans et manteaux en sautoir. Nous en tissons pour vous Grands de la terre Et nous pauvres Canuts sans drap on nous enterre. C'est nous les Canuts, nous allons tout nu ».

    J’allais m’arrêter là quand une petite voix demanda « et c’est tout ?» J’ai donc poursuivi. Avez-vous tenté d’empêcher certains de chanter « Le chiffon rouge »… Moi, c’est avec les Canuts de Lyon que je ne peux pas me retenir.

    «Pour chanter Veni Créator il faut porter chasuble d’or. Nous en tissons pour vous gens de l'Eglise Et nous pauvres Canuts n'avons pas de chemises. C'est nous les Canuts, nous allons tout nu».

    Je commençais à fondre sous les applaudissements quand, soudain, la porte s'ouvrit laissant entrer Madame la Directrice. Comme c'est la coutume, tous les élèves se levèrent immédiatement et sortirent dans le rang. Madame la Directrice me regarda et regarda les lycéens. Ces derniers la regardèrent puis me regardèrent. Puis elle m'interrogea : « Que se passe-t-il ici vous êtes devenu professeur de chant maintenant ? ». Ouf ! je m’étais pourtant promis, si l’envie me reprenait, de fredonner tout au plus « Ma Normandie ». Pour me racheter, j'envisage de chanter bientôt «Il pleut, il pleut bergère, rentre tes blancs moutons".

    Saint-Pétersbourg le 28-02-2004