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  • Ironie du destin
    Chaque année, à l'occasion du Nouvel an, la TV russe diffuse et rediffuse depuis 20 ans un film culte intitulé « Ironie du destin ». On ne finit pas de s’en réjouir à tel point que le dernier jour de l’année, des millions de personnes organisent leur emploi du temps afin de ne pas manquer le début du film. Les rues des villes se vident comme par enchantement. C’est devenu un véritable phénomène de société. Servi par trois remarquables jeunes comédiens, le scénario repose sur une situation ubuesque, et pourtant vraisemblable, se situant sous l’ère de L.Brejnev, le dernier chantre du paradis communiste perdu...

    A cette époque bénie des dieux communistes, on construisait de nombreux logements standardisés. L’esprit de normalisation était tellement développé, en Russie à cette époque, qu’on attribuait aux rues des nouvelles cités des noms d’hommes illustres tels Robespierre, Marat, Lénine, Maurice Thorez et autres défenseurs bien connus des Droits de l’Homme...

    C’est ainsi qu’à Moscou comme à Léningrad, existaient deux semblables rues Maurice Thorez avec chacune un immeuble N° 15 et aussi un appartement N° 24.. Outre cela, puisque l'on normalisait dans les moindres détails, les portes d’entrée de ces immeubles identiques étaient souvent équipées de serrures identiques. D'une certaine manière, c’était très commode car, en cas de perte ou de vol des clés de votre appartement, votre voisin de palier pouvait toujours vous en fournir une copie.

    C’est ainsi qu’à Moscou, un 31 décembre, quatre copains, souls comme des cochons, ne savaient plus lequel d’entre eux devait s’envoler ce soir-là pour retourner à Léningrad où sa fiancée l’attendait pour le réveillon du nouvel an. Soutenu par ses camarades de beuverie aussi ivres que lui, le sort d’embarquement dans l’avion se porta sur le plus jeune. Mais il se trouvait que le domicile de l’embarqué était à Moscou et non à Léningrad...Lorsque le tiré au sort alcoolisé arriva à l’aéroport de Léningrad, il s’engouffra dans un taxi et donna son adresse en balbutiant : «15 rue Maurice Thorez, appartement N°24 ». Encore enveloppé dans les brumes de bière-vodka, il se croyait arrivé à son domicile moscovite !

    Il entra alors sans difficultés dans l’immeuble puis dans un appartement de même apparence que le sien. L’alcool lui ayant enlevé toutes capacité de discernement, notre homme se déshabilla et sombra alors dans un profond sommeil dans le premier lit qui s’offrait à lui. Bien entendu, cet appartement et ce lit n’étaient pas les siens mais ceux d’une jeune femme qui, en cette nuit du 31 décembre, attendait son amoureux et futur mari qui, ce soir là, devait formuler officiellement sa demande en mariage. Imaginez la tête du « futur » lorsqu’il trouva un blondinet en petite tenue dans le lit de sa belle ? Qu’auriez-vous fait à sa place ? Que dis-je, qu’aurions nous fait ? Je m’en voudrais de déflorer la suite de cette histoire pleine de quiproquos et de romantisme où les situations ubuesques, empruntes de finesses, se succèdent agrémentées un humour typiquement russe.

    Saint-Pétersbourg le 02/01/2006