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  • Les génitifs féminins pluriels
    Un lecteur m’ fait part de ses observations à propos d’un précédent article sur la grammaire russe et ses déclinaisons : " Pourquoi ne dites-vous rien des génitifs féminins pluriels Avez-vous des lacunes à ce sujet ?".

    Je lui réponds humblement que les féminins pluriels, à la forme génitive, retiennent depuis fort longtemps mon attention mais, s'agissant de règles essentiellement applicables à la gente féminine, accorder leur terminaison est une opération très complexe. Disons qu'elles sont quasiment indéclinables, insaisissables, inexplicables et même inexprimables. Un jour viendra peut-être où l'on saura mieux en comprendre le mécanisme mais pour le moment c'est un puits de mystères d'une profondeur insondable. Alors ne me demandez pas de vous expliquer ce que des générations de philologues russes avant moi n'ont pu expliquer. Déjà au singulier c'est très difficile de comprendre la gente féminine, alors au pluriel…..!

    En France, les Etats Généraux de mai 1789 eux-mêmes, y avaient renoncé lorsque réunis en Assemblée constituante, ils avaient rédigé la célèbre Déclaration des Droits "de l'Homme et du Citoyen". N'allons pas imaginer que les braves députés ne s'intéressaient pas aux droits des femmes, ils ne savaient tout bonnement pas comment s'y prendre avec elles… C'est pourquoi elles sont absentes de la "Déclaration de 1789."

    Après la Révolution de 1917, le Gouvernement de Lénine avait procédé à une réforme de la grammaire russe afin de la simplifier mais il s'était bien gardé de modifier quoi que ce soit en ce qui concerne les "génitifs féminins pluriels". Hardi, le camarade Wladimir Illitch, mais quand –même pas téméraire à ce point. L'actuel gouvernement russe, présidé par un homme dont je tairais le nom par respect pour sa vie privée, engagera-t-il cette réforme tellement décisive pour l'avenir du pays ? Le plus-tôt serait le mieux car, en attendant, confrontés à ces fameux "génitifs féminins pluriels" on continue à se casser la tête avec les hypothétiques "insertions de voyelles mobiles" et les "absences de désinences" qui font le bonheur des profs de l’INALCO. Une chose est certaine, même dans le domaine de la grammaire, les femmes en Russie, comme ailleurs, continuent à faire couler beaucoup d'encre.

    Saint-Petersbourg. 28 /05/2002