Cette semaine, pour la deuxième fois dans mon existence,
j’ai vécu un déraillement. Le premier, il y a bien longtemps,
j’avais alors déraillé bien lourdement….C’était
en 1944, en compagnie de mes parents sur la ligne ferroviaire Deauville-Lisieux,
en Normandie. Notre train avait été bombardé par des
avions anglais ou américains (je ne pense pas qu'il s'agissait d'avions
russes !). Dans ma mémoire est resté gravé le souvenir
de la locomotive et de wagons en flammes. Et des personnes courant dans
tous les sens.….Ce trains avait été probablement identifiés
par les aviateurs alliés comme ennemi.
Depuis, je n’avais plus connu d’incidents de
ce genre…jusqu’au jour où, à Saint-Pétersbourg, me trouvant dans un tramway,
je ressentis une forte secousse et entendis un épouvantable bruit
de ferraille : mon « dernier tramway » venait de sortir
de ses rails et se trouvait immobilisé sur une partie sur la chaussée.
Pourquoi et comment la chose s’était-elle produite ? Nul ne
le sait. Les témoins se perdaient en conjectures quand le bruit circula
qu’un caillou sur les rails était probablement responsable. Je m’attendais
à voir arriver d’énormes camions-grues ou autres mastodontes
avec treuils câbles et poulies pour remettre la lourde machine sur
ses rails. Après quelques minutes se présenta une équipe
de quatre hommes bien barraqués. Equipement matériel : chacun avec
une grosse barre à mine et de quelques morceaux de ferraille en forme
de coins. Dubitatif, je les observais avec leur faible attirail, je ne donnais
pas cher de leurs chances de rétablir le tramway sur sa voie. Et
pourtant, après quelques minutes d'efforts, ces spécialistes rompus
à ce genre d’incident remirent la machine sur ces rails. Epoustouflant.
Peu de personnes ont subi dans leur vie deux déraillements: l’un
causé par des avions anglo-américains et l’autre par
un caillou russe.
Saint-Pétersbourg – novembre 2002.