On peut résumer ce tableau en disant que la période 1861-1890 va vers le déclin de l'industrie noble, et le développement simultané de la petite industrie Kustar, de la manufacture, et de la grande industrie. Examinons successivement le déclin de l'industrie noble, et le développement des autres types d'industrie.
Les propriétaires fonciers ont à faire face à la concurrence des paysans et des marchands, notamment dans l'industrie du bois, qui se développe et surtout se mécanise très vite après 1860, dans certaines industries alimentaires, comme les féculeries et les distilleries etc. L'exemple le plus important et le plus frappant du déclin des industries fondées jusque-là sur le servage est celui de la métallurgie ouralienne.
Lorsque l'abolition du servage intervient, il y a longtemps que la métallurgie de l'Oural est entrée dans une période de profonde stagnation économique et technique. La métallurgie russe qui représente 1/3 de la production mondiale à la fin du XVIIIe siècle n'en représente plus que 2% en 1880. C'est l'Oural qui est responsable du retard technique de la métallurgie russe. Les maîtres de forge de l'Oural, nobles ou roturiers, sont en même temps propriétaires terriens et usiniers. Ils possèdent des milliers d'hectares de terre, dont la plus grande partie est couverte de forêts. Le fait d'être propriétaire d'immenses forêts freine toute velléité des maîtres de forge de se reconvertir au charbon pour utiliser les nouvelles techniques de la fonte au coke et le puddlage (procédé métallurgique de décarburation de la fonte liquide par hassage sous influence d'oxydes). La métallurgie de l'Oural est un exemple unique en Russie d'industrie, qui, après l'abolition de servage, cherche à assurer sa domination sur la main-d'oeuvre grâce au monopole sur la terre. C'est en partie sur la base de prestations de travail que fonctionne la métallurgie de l'Oural, c'est-à-dire sur la survivance économique directe de servage. Les maîtres de forge répartissent terres, pâturages, forêts parmi les paysans qui, en contre partie, doivent travailler à l'usine qu'ils ne peuvent évidemment plus quitter et dont ils dépendent étroitement. Le niveau de productivité que peut atteindre une main-d'oeuvre recrutée et maniée dans de telles conditions est évidemment très bas.
Les maîtres de forge de l'Oural, encore en 1897 quand ils s'expriment dans les pages d'un journal officiel, se refusent à envisager la nécessité d'un changement. Et puisqu'ils ne veulent rien changer on assiste au spectacle curieux d'une branche d'industrie entière qu'il faut sacrifier et faire renaître ailleurs, au Sud de la Russie, sous une autre forme, parce qu'elle ne peut s'adapter aux changements nécessaires. Effectivement, à partir des années 1870, naît en Ukraine une nouvelle métallurgie, pleinement capitaliste, et ouverte vers le progrès technique à partir du fer de Kzivoi-Rof et du charbon du Donetz. Le phénomène ouralien va avoir des conséquences économiques incalculables. On peut dire qu'il a retardé d'une bonne vingtaine d'années le détachement de l'industrialisation massive en Russie, et le passage de l'industrie russe à la mécanisation. En effet, la sidérurgie du Sud n'acquiéra une importance économique certaine qu'à la veille du boom des années 1890 et du XX. siècle pour la voir l'emporter définitivement de l'Oural.
Le développement simultané des autres types d'industries:
Kustar - manufacture et grande industrie moderne - a les caractéristiques suivantes :
-L'industrie Kustar - industrie où se mêlent l'activité agricole et l'activité industrielle - connaît après l'abolition du servage un développement très important. A la fin du XIXe siècle encore, dans de nombreuses régions, les Kustar étaient plus nombreux que les ouvriers d'usines.
La Réforme du 1861 qui attachait le paysan au village était favorable au petit capitalisme agro-industriel. La Réforme gênait le développement de la grande industrie, mais dans tous les cas où cette grande industrie n'était pas encore possible - et ils sont nombreux - la petite industrie rurale préparait le terrain nécessaire au stade supérieur du développement capitaliste, dominé par la manufacture, l'usine et la fabrique. Par rapport à la petite industrie Kustar, la manufacture représente une évolution dans le sens de la séparation de l'industrie et de l'agriculture, de la ville et de la campagne. Le processus de spécialisation tend à séparer l'ouvrier de manufacture du milieu agricole, et à transformer l'ancien village agricole, siège de la manufacture, en bourg industriel.
Le type le plus fréquent de la manufacture capitaliste russe est un centre non-agricole qui attire à lui les habitants des villages environnants, mi-agricoles, mi-industriels, et domine ces villages. Les entrepreneurs distribuent du travail aux paysans et ils disposent de toute une armée de petits marchands auxquels on peut donner la marchandise à crédit ou en commission et qui saisissent avidement toute occasion pour étendre leurs petites opérations commerciales. En distribuant le travail à domicile, les entrepreneurs ont la possibilité de porter immédiatement leur production aux dimensions voulues sans dépenser de fonds importants ni beaucoup de temps à construire des ateliers. Du point de vue du développement de l'industrie moderne, les principales caractéristiques de la période avant 1890 sont les suivants :
1) la croissance des industries textiles modernes, en premier lieu celle du coton. En 1866 il y a 42 usines cotonnières mécanisées, il y en aura 722 en 1897.
2) l'entrée en scène des chemins de fer comme facteur de la vie économique russe. La première compagnie privée de chemin de fer se crée en 1857. Dès le début le gouvernement participe au financement des chemins de fer. Ses prêts sont énormes et l'emportent largement sur les investissements privés. Le chemin de fer joue un rôle important dans la vie économique russe dès les années 1860. L'une des toutes premières crises industrielles de la Russie, celle de 1873/1875, est liée au déclin de la construction de chemins de fer. Ce déclin suffit à provoquer une crise générale de l'industrie parce qu'en raison du faible pouvoir d'achat paysan, l'industrie légère est entraînée à son tour dans la crise, faute de disposer d'un marché suffisamment vaste.
3) L'apparition des premiers éléments d'une industrie lourde russe moderne.
- la sidérurgie de Krivoj-Rog
- les charbonnages du Donetz
- l'industrie du pétrole du Bakou
Si la production sidérurgique ne démarre vraiment qu'après 1890, la production de charbon et de pétrole augmente dans les proportions considérables avant 1890. Une branche importante de l'industrie lourde - la production de ciment - fait ses premiers pas, ainsi que l'industrie chimique.
4) La mise en place progressive d'un réseau bancaire moderne.
Au moment de l'abolition du servage, la Russie ne possède pratiquement pas de réseau bancaire digne de ce nom. Les seuls établissements existants ont en fait pour fonction presque exclusive de financer l'endettement de la noblesse. La période de 1860-1890 va voir la mise en place des premiers éléments d'un système de crédit moderne. Certes le développement de ce système va être lent et hésitant mais il apparaît timidement avant 1890. Le rôle des finances gouvernementales est incomparablement plus grand que celui des banques et du crédit mais il serait faux de négliger ces derniers: De 1861 à 1873, c'est la création des banques qui constitue après les chemin de fer, le terrain le plus important d'investissements des capitaux privés: 226,9 millions de roubles s'investissent dans 73 banques nouvellement créées. En outre, en 1870, sont apparues 15 sociétés de crédit mutuel, 161 banques municipales, 16 associations d'épargné et de prêt etc. Les chiffres sont certes modestes par rapport aux besoins de la Russie et par rapport aux résultats qui seront obtenus plus tard. Mais on ne doit pas oublier que le développement industriel lui-même s'accélère après 1890. Si l'on situe les choses dans leurs perspectives, la période d'après 1890 est 1'accentuation d'un mouvement qui commence dès 1860.
L'industrialisation après 1890
Après 1890, l'allure de l'industrialisation s'accélère brusquement. La poussée industrielle des années 1890 provient de la conjonction de deux facteurs importants.
1) la construction intensive de nouvelles lignes de chemins de fer.
2) le développement de l'industrie sidérurgique et métallurgique moderne. L’intérêt du gouvernement pour le développement industriel s'ajoute à ces deux facteurs déterminants. Notamment, le comte Witte, successivement ministre des Voies et Communications et ministre des Finances durant la dernière décennie du XIXe siècle, a contribué beaucoup à accélérer le processus d'industrialisation en Russie. Witte cherchait à rendre l'Etat plus actif et de ce point de vue il revenait à la tradition petrovienne abandonnée depuis longtemps. Witte s'est comparé lui-même à Pierre le Grand. Les lignes directrices de sa politique sont les suivantes :
1) accroître les exportations
2) protéger les produits russes, d'où les tarifs douaniers
considérablement élevés
3) stabiliser la monnaie
4) élargir les possibilités de prêts étrangers
5) disposer de devises suffisantes pour assurer le service de la dette extérieure
Ce plan fut établi à partir la conviction qu'une fois l'accumulation nationale terminée, on pourra alors relâcher le protectionnisme et se disposer à l'aide étrangère. Un plan risqué puisqu'il ne tient pas compte des variations de la politique gouvernementale. La réalisation du plan de Witte reposait sur les sacrifices imposés à l'agriculture:
-Premièrement, il prévoyait un système fiscal reposant pour l'essentiel sur les impôts indirects, tout particulièrement sur la vente de la vodka, monopole de l'Etat depuis 1893-1898. Il faut savoir que les débits de vodka étaient très importants justement à la campagne.
-Deuxièmement, il voulait créer une balance commerciale presque constamment créditrice, ce qui était possible grâce aux ventes de céréales à l'étranger, même si le peuple russe ne mangeait pas à sa faim. Witte voulait donc renforcer le rôle de l'Etat.
Arrêtons nous alors sur un problème important et très débattu : le rôle de l'Etat dans le développement. Il est exact que le boom des années 1890 est étroitement lié à l'essor de la construction de chemins de fer et que cet essor lui-même est lié à l'activité grandissante du gouvernement dans ce domaine. On estime qu'après 1895 les investissements nouveaux dans les chemins de fer se partagent à peu près également entre le capital privé et le gouvernement. En 1909, les investissements de l'Etat s'élèveront à 5 milliards de roubles, contre 1,6 milliards pour le secteur privé.
D'où le gouvernement tire-t-il l'argent nécessaire à la construction de chemins de fer ? Les prêts provenant de l'étranger en sont la première source. En 1900, 72% des sommes investies dans les chemins de fer provenaient de l'étranger. (Les français sont les principaux investisseurs) Ensuite vient la pression fiscale exercée sur la population : droits de douanes, monopole de la vodka, impôts directs et indirects. Le vieil impôt de capitation est supprimé en 1880. Ce sont les taxes indirectes sur les marchandises de consommation populaire qui fournissent l'essentiel des rentrées fiscales : allumettes, sucre, pétrole et surtout vodka. Enfin, les prêts inférieurs : la petite épargne, le marché financier, l'appareil de crédit contribuent aux finances de l'Etat.
La construction des chemins de fer a stimulé l'industrie lourde sous forme de commandes massives passées à des prix élevés, très supérieurs aux prix mondiaux, puisque le protectionnisme accru après 1891, obligeait à acheter russe. Durant la décennie 1890-1900 on estime que les chemins de fer et l'industrie lourde absorbent à eux seuls près des 3/4 de la production sidérurgique et métallurgique. Le développement de ces industries était très important, surtout le démarrage de la sidérurgie était foudroyant. En 9 ans, de 1887 à 1896, la production de la fonte triple. Pour obtenir le même résultat, il a fallu 28 ans en France (1852-1871). Cet essor provient du développement de la métallurgie du sud dont les bases ont été posées dans la période précédente et qui continue à s'équiper. Ce qui a rendu possible ce développement de l'industrie lourde, c'est essentiellement le fait que les besoins de chemins de fer sont satisfaits de plus en plus, non pas par l'importation, mais par la fabrication nationale.
Ce renforcement de l'industrie lourde est à l'origine du passage à la mécanisation. La petite industrie et les techniques manuelles conservent certes un rôle important, et continuent à se développer, mais le tableau de l'industrialisation se simplifie, car c'est le développement de la grande industrie mécanisée qui va désormais assumer l'essentiel de l'essor.
Après tout ce qui vient d'être dit, il ne saurait être question de nier que le gouvernement a joué un rôle fondamental dans le boom des années 1890. Il se peut-même que ce rôle ait été plus important que dans d'autres pays. Mais on ne saurait, par contre, exagérer ce rôle pour soutenir l'existence d'un exceptionnalisme industriel russe comme le prétendent certains historiens et économistes. Si le processus d'industrialisation s'est enclenché après 1890, c'est parce qu'après cette date, le capitalisme privé s'est trouvé assez fort et assez modernisé pour répondre à 1'incitation gouvernementale.
Vers la fin des années 1890, et après 1900, on observe un renforcement du rôle de l'épargne privée et du système bancaire dans le financement de l'industrialisation, en même temps que la diminution du rôle de l'Etat. En 1900-1903, l'industrie russe traverse une crise, en 1904-1908 c'est une période de stagnation. A partir de 1909, 1'industrie recommence à se développer à nouveau à un rythme rapide. Ce développement diffère du boom des années 1890 en ce que le rôle des commandes de l'Etat et de la métallurgie perd de 1'importance par rapport au rôle du marché intérieur et des autres branches industrielles.
Toutefois, il ne faut pas exagérer l'importance de la paysannerie comme débouché pour les produits industriels car leur pouvoir d'achat reste faible. En dépit de l'amélioration intérieure, le paysan russe vend moins cher ses produits agricoles que ses confrères à l'étranger, et il achète plus cher les produits industriels en raison d'un protectionnisme outrancier. Ainsi en 1904 l'économie russe comportait des secteurs très avancés dans l'industrie. Notamment la métallurgie lourde, 1'industrie pétrolière ou le secteur des machines-outils, montrent une évolution spectaculaire.
Dans l'agriculture également, certains chiffres sont parlants : premier producteur et premier exportateur de céréales du monde la Russie occupe un rang très élevé pour le lin, le chanvre, le bétail. Mais ces secteurs avancés sont mal ajustés à un ensemble qui demeure archaïque. Comparés à l'immensité de l'espace utilisable où aux besoins de la population, les chiffres de production demeurent médiocres. Pour le blé, les rendements n'atteignent pas huit quintaux à l'hectare contre quinze en Occident. Pour les autres produits agricoles, les écarts sont équivalents. En fait, l'agriculture est encore à peine mécanisée, et le tableau de l'immense misère domine la vie des campagnes.
Pour une population aux cinq sixièmes rurale, l'espérance de vie est seulement de 36 ans contre 55 en Europe occidentale, et la mortalité infantile est très élevée. Mal équipées et ne disposant pas de moyens de communications suffisants, les campagnes vivent en dehors du progrès. D'autres chiffres encore ne trompent pas : la production cotonnière monte en flèche, mais la consommation par habitant est dix fois inférieure à celle des Anglais, trois fois à celle des Français ou des Allemands. Il en est de même pour d'autres produits de première nécessité. L'essor de la production industrielle ne doit pas faire illusion. A une époque où le charbon est roi, la Russie en produit 16 fois moins que les USA, 9 fois moins que la Grande-Bretagne etc. La Russie est au sixième rang pour la production du fer et plus faible encore pour la production de l'acier. Les voies ferrées ne sont pas suffisantes si on les compare avec les réseaux abondants de l'Europe occidentale. On comprend pourquoi la guerre, cette compétition des puissances industrielles, est devenue un facteur décisif du dysfonctionnement du système économique russe. Mais c’est un autre sujet.
Les changements sociaux
Les transformations à la campagne, notamment la réforme de Stolypine dont nous avons parlé la dernière fois, ainsi que l'industrialisation, accélèrent la différentiation sociale : sur un pôle - le koulak ou l'entrepreneur capitaliste, sur un autre - le paysan pauvre qui risquait soit de se transformer en ouvrier agricole du koulak, soit d'être contraint à partir vers les villes pour chercher un travail dans le secteur industriel, enfin les ouvrier industriels dont le nombre atteint 3,5 millions en 1913. La population urbaine progresse rapidement, 25 millions d'habitants en 1914, soit 15,5% des Russes. Deux classes sont en expansion, classe moyenne et prolétariat ouvrier. Si dans certaines zones industrielles ou dans l'Oural le passage saisonnier de l'usine (en hiver) à la campagne (en été) persiste, la séparation est accomplie surtout dans les grandes villes où la concentration de la main-d'oeuvre dans de grandes usines est très importante. Dès 1897 les usines de plus de 500 ouvriers occupent 42% de la main-d'oeuvre, contre 15,3% en Allemagne par exemple. En 1910 ce pourcentage atteindra 54,3% avec la poussée industrielle. 105 000 grévistes en 1911, 1 450 000 pendant les 6 premiers mois de 1914. Il est certain que les ouvriers sont devenus sensibles aux idéologies socialistes.
Le mouvement révolutionnaire
Les mencheviks gardaient leurs positions dans le Caucase (sauf à Bakou) et dans de nombreuses villes moyennes, mais ils perdaient peu à peu dans les grandes villes, où les bolcheviks l'emportaient. Cette poussée du bolchevisme, que l'on constate chez les jeunes et chez les ruraux récemment installés dans les faubourgs, s'explique assez facilement : le parti de Lénine ne repoussait pas à l'éternité l'hypothèse d'une révolution et il se présentait comme le parti de la discipline et de l'action.
Mais les mencheviks et les bolcheviks n'étaient pas les seuls socialistes à mener leur propagande parmi les ouvriers et les paysans. Les socialistes révolutionnaires, divisés en deux partis, le deuxième plus modéré de socialistes populistes, les anarchistes scindés en groupes rivaux qui interprétaient différemment l'enseignement de Bakounine ou de Kropotkine, les partis nationaux tel Bound, parti socialiste des ouvriers juifs de la Lituanie et de la Pologne, les sociaux démocrates des pays allogènes, influencés par Rosa Luxembourg etc.
La guerre a divisé davantage les dirigeants des partis révolutionnaires ! Les "patriotes" "internationalistes" "défaitistes" s'excommuniaient réciproquement. Jamais le mouvement révolutionnaire n'avait atteint une telle parcellisation, danger évident d'impuissance.
L'immobilisme
"La monarchie du 3 juin" représente le dernier type du régime tsariste. D'un coté un pouvoir exécutif fort, dépendant du tsar ou plus exactement de ses favoris, Nikolas II étant faible de caractère et peu intéressé par les affaires d'Etat. D’un 'autre coté, un pouvoir législatif faible, confié à une Douma dite "des seigneurs". Ce surnom renvoie à la composition de la Douma élue sur des bases extrêmement inégales. La curie des grands propriétaires est la première curie urbaine, soit moins de 1% de la population, rassemblant 64,4% des électeurs. En outre la Russie continue à ignorer les usages démocratiques élémentaires. Leur application est rendue extrêmement difficile. Les libertés élémentaires d'expression sont tolérées, ce qui revient à dire que la presse peut paraître librement à condition de procéder elle-même à sa censure. Le droit d'association permet de former les syndicats, mais les arrestations préventives ou les menaces le réduit à l'existence de quelques associations professionnelles avec 15 000 adhérents. Le droit de grève est toujours refusé. C'est la société toute entière contre la bureaucratie tsariste et non l'opposition contre un parti gouvernemental.